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De la Smart city à la Wise city...

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La Smart city a permis à de nombreux acteurs publics de découvrir et comprendre l'activité logistique des professionnels du secteur grâce à l'emploi des nouvelles technologies et la capitalisation des données. Le nouveau concept de "Wise city" devrait permettre d'atteindre un niveau supérieur encore en mettant un maximum de parties prenantes dans la boucle de cette collecte de données et dans leur utilisation pour faire évoluer le paysage urbain... L'AFT vous propose un aperçu des distinctions entre les deux modèles et les bénéfices qui pourraient en découler.

      1. Contexte

Le terme « smart city » est de plus en plus usité et pourrait même passer dans le langage courant à la vitesse où les technologies qui en permettent la mise en œuvre sont rapidement déployées dans les plus grandes agglomérations de France. Pour autant, le concept lui-même a beaucoup évolué, grâce aux acteurs qui s’en sont emparé au fil du temps et avec en ligne de mire un nouveau concept de « wise city ».

Pour autant, quels sont les impacts de cette nouvelle façon de percevoir l’environnement urbain pour les acteurs de la logistique ? L’AFT vous propose par cette note de synthèse une compréhension rapide de l’évolution de ces concepts et comment ils pourraient influencer les opérations logistiques de demain. En effet, il ne s’agit pas seulement d’intégrer de nouveaux paramètres dans les façons de faire et les flux générés par le milieu urbain, mais de véritables enjeux de société, qui pourraient bien influencer les acteurs de demain.

 

      2. Synthèse AFT

Le postulat de départ, pour une urbanisation réfléchie, c’est la maîtrise des informations. En conséquence, l’apparition des nouvelles technologies est devenue un critère incontournable et souvent structurant de la mise en place de la « smart city ». Celles-ci permettent une gestion plus efficace et rapide des flux d’énergie et d’information, notamment pour la coordination du trafic, la priorisation des activités et l’optimisation des usages courant de la mobilité.

C’est à partir de ces outils que plusieurs agglomérations en France ont commencé à collecter massivement des informations, et déployé divers outils d’analyse pour mieux comprendre les flux. Cela les a amenés naturellement à établir le dialogue avec des acteurs jusque là peu connus ou compris comme essentiels aux dynamiques du développement urbain : les opérateurs du transport et de la logistique. A partir de l’expérience et les retours de ces derniers face aux pratiques et règlementations urbaines, les pouvoirs publics et le grand public se sont intéressés aux contraintes de circulation et aux besoins générés par une concentration grandissante de population dans les villes.

La « smart city » devient alors plus citoyenne, pour inclure les citoyens dans la réflexion.

Son objectif vise à économiser les ressources conjointement à une volonté de travailler une qualité de vie maintenue par rapport aux critères actuels. Il s’agit de préserver les usages en place, les besoins en quantité et en qualité, mais en optimisant les pratiques et les conditions de travail de l’ensemble des opérateurs de flux.

Enfin, par extension de cette réflexion de plus en plus collaborative, la « smart city » semble se saisir du sujet de qualité de vie en vue de l’élever toujours plus, par une inclusion de tous les acteurs. La stratégie de développement urbain s’appuie alors sur la notion de durabilité des flux et les acteurs publics essaient d’approfondir la réflexion avec une dimension plus « environnementale ». Ces changements permettent de remettre au centre des discussions de nouveaux acteurs de la mobilité douce (pour le fret comme pour les personnes), d’autres types d’énergie et donc de nouveaux usages urbains.

Ce qui fait apparaître le courant de la « wise city », c’est la notion de résilience du modèle urbain. En effet les agglomérations réalisent de plus en plus leur dépendance face à de nombreux facteurs qui semblaient éloignés de nos modes de vie : l’agriculture, les énergies et l’ensemble des produits de consommation issus de l’importation. A titre d’exemple, la ville de Paris ne dispose que de 3 jours de stocks en termes d’alimentation et d’eau potable, ce qui est très peu au regard de la forte densité de population en cas de rupture des chaînes d’approvisionnement.

Pour une meilleure résilience, il faut donc à la fois mieux consommer (qualité), mieux s’organiser (délai) et maîtriser la manière dont les produits sont importés dans la ville (coût et empreinte environnementale). La préservation et l’économie des ressources deviennent des facteurs importants de durabilité, qui se rajoutent aux modalités de distribution pour une empreinte la plus verte possible des modèles urbains. Or, cela implique une sensibilisation tous azimuts des consommateurs et une réorganisation des canaux de distribution tout en garantissant et en sécurisant les flux.

Ainsi, sur cette transformation progressive de la ville, la réorganisation passe par l’agencement des quartiers et de nouvelles infrastructures, et les nouvelles technologies sont toujours omniprésentes. En revanche, ces dernières ne sont plus au centre des préoccupations mais un outil pour parvenir à une finalité : le bien vivre pour tous et dans le temps. Cela remet en cause les modèles de gouvernance de l’environnement urbain, la contribution des acteurs et améliore la connaissances de chacun des acteurs de la mobilité urbaine.

La « wise city » est un processus de transformation de la ville, pour le bénéfice de tous et à long terme.

      3. Perspectives pour la logistique

Grâce aux données et une meilleures compréhension des flux de la ville, les opérations logistiques ne sont plus perçues comme une nuisance, mais comme un moyen. Le premier bénéfice direct est donc de comprendre et relativiser les apports de chaque partenaire de la chaîne d’approvisionnement. Les revendications des opérateurs de transport par exemple sont appuyés d’exemples et de données concrètes pour expliciter les contraintes du quotidien pour les opérateurs de livraison.

C’est une révolution considérable et rapide en termes de reconnaissance du secteur d’activité. Que ce soit par les collectivités territoriales comme le grand public, la smart / wise city permet de capitaliser des données tant quantitatives que qualitatives sur les opérations urbaines. On commence à percevoir pourquoi la démultiplication des flux liée à nos modes de consommation est un véritable casse-tête pour optimiser les chargements et tournées de livraison du dernier kilomètre. Dans le même temps, on peut construire progressivement les outils susceptibles de collecter les bonnes informations pour aller dans le sens de la mutualisation des flux, comprendre les raisons de la non-optimisation, etc.

Par ailleurs, on peut enfin donner de la légitimité au dialogue entre différents acteurs, pour éviter de mettre en compétition les acteurs du transport urbain, selon leur volumétrie ou leur rapidité à délivrer. Cela permet d’ouvrir des perspectives de collaboration et d’intermodalité, là où jusqu’à présent, par méconnaissance des possibilités de chaque mode, chacun avait tendance à rester dans son pré carré. Et cette compréhension ne concerne pas seulement les pouvoirs publics ou le grand public mais bien les opérateurs traditionnels, qui voient arriver nombre de règlementations restrictives en termes de circulation (ex. : ZFE) et peuvent alors mieux appréhender les forces et faiblesses des autres modes (cyclo-logistique, fluvial, etc.) pour construire des partenariats multimodaux solides dans les années à venir…

 

Définitions

Mobilité douce : désigne l’ensemble des déplacements non motorisés comme la marche à pied, le vélo, le roller et tous les transports respectueux de l’environnement.

Sources

Informations annexes au site