Innovation, Logistique

Livraison par drones : mythe ou réalité ?

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Le développement de la technologie des drones n'a cessé de s'améliorer au fil des années et plusieurs grands acteurs de la distribution ont commencé à en présenter des usages très ambitieux pour livrer les consommateurs de demain. Entre les possibilités de l'intralogistique et celle de la distribution du dernier kilomètre: où en sommes-nous exactement ? 

      1. Contexte

Les chaînes d’approvisionnement évoluent sans cesse, leurs acteurs principaux sont engagés sur une compétition de très haut niveau et une couverture internationale. Pour se démarquer : la logistique et son optimisation des coûts ou des délais. On retrouve ainsi des grands groupes tels qu’Amazon ou Walmart qui depuis les Etats-Unis ont révolutionné la manière de mettre les produits à disposition du client final. Entre l’omnicanalité et les nouvelles technologies, ces précurseurs mettent la barre très haut pour devancer leurs concurrents et conquérir de nouvelles parts de marché.

C’est dans ce cadre que les drones sont apparus comme un nouveau mode de livraison possible pour atteindre les clients autrement que par la route. Avec l’essor des modèles individuels et particuliers, les idées d’industrialisation et les travaux pour augmenter leur capacité, leur autonomie, ont déjà commencé un peu partout dans le monde. Mais pour ce qui est de les exploiter sur des services concrets, il nous a paru intéressant de vous rassembler ici ce qui est actuellement fait et les services rendus par la technologie « drones » pour distinguer la théorie de la pratique.

      2. Synthèse AFT

Technologie de pointe, tendance, tests à grande échelle… les mises en œuvre ne manquent pas un peu partout dans le monde et par la plupart des grandes marques de distribution. Des entreprises ont même envisagé, à l’instar d’Amazon en 2013, d’avoir leur propre flotte et département de conception des drones, pour une solution de service maîtrisée de A à Z. Il existe ainsi des exemples de réalisations logistiques très concrètes, que ce soit militairement, comme la surveillance ou largages en zones de conflit (Iraq), ou sanitaire avec la livraison de poches de sang sur des zones reculées au Rwanda.

Mais pour ce qui est de la mise en œuvre « logistique » à grande échelle, les difficultés rencontrées sont différentes. Il faut d’une part s’adapter à une grande diversité de colis, en poids et volumes, aux distances à couvrir, et aux autorisations de vol pour utiliser l’espace aérien. Ce sont les principales contraintes qui distinguent une utilisation massive de ce dispositif avec les expériences à succès que l’on peut trouver actuellement.

Les entreprises qui se lancent dans l’exploitation d’une « ligne » par drone, doivent alors établir les intérêts à la mettre en place et la négocier avec les autorités locales au cas par cas. Ces derniers sont les suivants :

            En milieu urbain : un enjeu écologique

En effet, la concentration de population et l’augmentation constante des services de livraison à domicile, la personnalisation des offres… sont autant de véhicules de transport urbain qui s’ajoutent à la congestion existante et à l’utilisation énergétique qui en découle. Mais cette même densité représente un défi tout aussi important pour les drones : la saturation possible des espaces aériens, les risques de collision avec divers objets ou oiseaux ou la perte de contrôle potentielle. Il y a donc un défi technologique et organisationnel important, pour lequel sont à l’étude des dispositifs de bases relai, pour recharger les drones à mi-distance, des règles de circulation et de reconnaissance mutuelle, etc.

            En milieu rural : désenclaver et améliorer les services

Les délais de livraison pour un camion sont plus importants pour les zones reculées à faible densité, et diminuent leur rendement, donc leur rentabilité. Exploiter des voies aériennes directes pour la livraison par drone reviendrait à diviser le temps de livraison, avoir un autre impact énergétique et revoir les modalités de livraison finale en passant par des entités locales tierces (fonction publique ou partenaire privé). Ce sont actuellement les tests les plus performants puisque les partenaires publics de mise en œuvre et autorisation de circulation dans l’espace aérien sont partie prenantes à l’exercice et la mise à l’échelle est moins complexe que sur des zones de forte urbanisation.

Pour ce qui est des autres contraintes, il s’agit principalement à ce stade de limitations techniques. De part leur design et leurs capacités, les drones de livraison ont une autonomie de quelques heures, pour parcourir une distance de plusieurs dizaines de kilomètres et un poids maximal autour de 5 kgs selon les modèles. En France, la Poste, via sa filiale DPD, a ouvert et exploite actuellement 2 lignes commerciales dans le Var et en Isère. Le dispositif est d’ailleurs d’autant plus intéressant qu’il est « mixte », c’est-à-dire que c’est le véhicule de livraison qui sert de base aérienne d’envol et retour du drone.

D’autres initiatives privées sont en train de se développer pour une couverture localisée sur la région de Bordeaux ou Cambrai. Aux Etats-Unis, au Canada ou en Israël, d’autres tests ont lieu avec des capacités parfois supérieures, des livraisons de nuit ou du parachutage de matériel d’urgence (défibrillateurs).

Ainsi, les tests se multiplient mais la mise à l’échelle n’a pas encore eu lieu. La dimension administrative et les autorisations de vol sont compliquées à mettre en place, la préparation logistique doit être parfaitement pensée et cela nécessite de nouveaux équipements à installer au décollage et atterrissage des appareils.

Pour ce qui est de la propriété et du déploiement d’un parc de drones pour Amazon, il semblerait que la maîtrise technologique et le coût de gestion de ces équipements très spécifiques ne soit pas si simple à mettre en œuvre puisque l’enseigne au sourire a finalement abandonné ce projet pour envisager une sous-traitance de cette prestation, avec plusieurs fabricants spécialisés.

      3. Perspectives pour la logistique

Le secteur logistique ne s’est jamais arrêté sur un ni plusieurs échecs. Toutes ces tentatives démontrent d’une volonté d’aller de l’avant et de proposer un nouveau format de livraison. Il ne s’agit pas seulement des acteurs de la distribution puisque les autorités publiques se sont également intéressées au sujet. Qu’il s’agit de sécurité, reconnaissance faciale ou livraison de colis, les drones pourraient bien s’inscrire dans le paysage français dans les années à venir, et apporter une solution moins polluante que les transports actuels.

Avec l’investissement des pouvoirs publics, c’est aussi la possibilité de définir les règles de partage de l’espace aérien au dessus des villes et zones rurales, ainsi que de réfléchir aux potentielles conséquences d’un tel développement : évolution des infrastructures urbaines, pollution sonore ou visuelle déportée en altitude, nouveaux comportements de consommation, etc.

Il s’agit donc de suivre de près comment les sociétés spécialisées dans la conception de ces drones vont pouvoir répondre au plus près du cahier des charges de nos prestataires logistiques, pour améliorer leur fiabilité, leur autonomie et leur précision… au service toujours du client final !

      4. Définitions

Drone : les drones sont des aéronefs sans équipage dont le pilotage est automatique ou télécommandé, à usage civil ou privé. En fonction des capacités recherchées, leur masse varie de quelques grammes à plusieurs kilos actuellement dans le secteur logistique. Plusieurs tonnes dans des cadres très spécifiques (notamment militaires).

Ligne commerciale : prestation de transport réalisée entre deux points préétablis, avec une fréquence et des modalités validées par le client et les parties prenantes.

Sources

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