Logistique, Prospective et innovation

Transition énergétique pour les chariots de manutention

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Il n'y a pas que les camions qui se convertissent, ou cherchent à le faire, aux nouvelles énergies pour réduire l'empreinte carbone du secteur. En plus de revoir l'énergie des infrastructures avec des installations de panneaux solaires sur les entrepôts, les grands acteurs logistiques s'intéressent également à toutes les innovations technologiques pour leurs équipements internes, avec des attentes d'efficience plus élevées que la première génération de chariots de manutention. Là encore les acteurs de la logistique se démarquent par leur volonté de trouver des solutions durables.

      1. Contexte

A l’heure où les entreprises doivent maîtriser leurs consommations énergétiques pour des raisons de coût et d’efficacité, mais également pour contenir et réduire leur empreinte environnementale, il est nécessaire de diagnostiquer l’ensemble des équipements qui utilisent de l’énergie. Les entreprises logistiques, ou celles ayant des activités d’entreposage, ne sont pas exemptes de cette recherche d’efficacité énergétique. Tandis que la traque des consommations en carburants fossiles est une évidence pour tous les secteurs, celle de l’électricité est moins visible et pourtant peut permettre des économies substantielles.

Les chariots utilisés pour la manutention, qu’ils soient élévateurs ou non, thermiques ou électriques, ont jusqu’à présent été considérés comme peu consommateurs en comparaison de véhicules comme les poids lourds. Mais une nouvelle tendance se dessine : celle d’associer performance et efficience, tous modes de déplacements confondus.

Par ailleurs, la règlementation se durcit à l’encontre des énergies thermiques, incitant les entreprises à davantage se tourner vers des chariots à énergie électrique ou gaz liquéfié, pour un retour sur investissement comparable. Tous les fabricants sont ainsi en train de revoir la motorisation de leurs chariots, mais aussi les moyens d’en optimiser les performances.

 

      2. Synthèse AFT

Faire évoluer les technologies tout en garantissant une amélioration de puissance et de performance pour les chariots en entrepôt est loin d’être simple. En effet, contrairement aux véhicules, on ne peut pas jouer sur l’aérodynamisme (la vitesse étant un enjeu important d’accidents du travail) ou la réduction du poids des engins (qui permet de stabiliser l’appareil lors du port et soulèvement de charges).

Les constructeurs se concentrent alors sur la motorisation et les organes de transmission, pour un rendement maximal qui s’appuie sur l’évolution des technologies. L’hybridation des technologies permet également de réutiliser une énergie produite par l’un (ex. : freinage ou via la motorisation thermique), pour alimenter une batterie électrique alternative. Enfin, il reste l’optimisation des composants, pour réduire les pertes et gaspillages énergétiques dans le fonctionnement de l’appareil.

On parle de quelques pourcents d’amélioration ici et là mais qui font la différence au final sur les engins de dernière génération arrivant sur le marché. Les constructeurs ne se démarquent alors pas tant sur l’achat et la motorisation mais grâce aux améliorations d’usage et les économies d’énergie à l’emploi. Exemples : bascule des fourches automatisées, ralentissement de l’appareil pour prévenir une décharge, transmission électrique pour réduire l’usure des pneus ou du frein…

Toutes ces améliorations vont être décisives dans les mois et années à venir, pour permettre à des chariots d’être opérationnels pendant toute la durée d’une rotation d’équipe (8 à 9 heures), contre un besoin de recharge toutes les 4 à 5 h actuellement (chariot électrique). Les besoins en maintenance seront aussi moins fréquents, comme les vidanges d’huile.

Globalement, ce qui semble ressortir des différents articles publiés et des axes d’amélioration portés par les constructeurs d’engins de manutention, c’est que d’une part les chariots thermiques vont être de moins en moins la norme. 

Il faut prévoir et inclure l’augmentation des coûts, le renforcement des règlementations et les conditions de travail (notamment en intérieur). D’autre part, l’hybridation des énergies, entre l’usage des gaz naturels et des batteries électriques, devrait permettre d’accroitre les rendements par une meilleure autonomie des engins.

Mais c’est encore insuffisant, car le point clef à améliorer reste les batteries. Entre leur empreinte carbone à la conception et les difficultés à recycler ses matériaux, la priorité pour les constructeurs dans l’immédiat reste la prolongation de son usage. Il progresse, mais lentement, et le temps de recharge reste trop important. Contrairement aux batteries automobiles, il n’est pas possible avec un chariot de réaliser des trajets longs (type autoroute) pour se recharger tandis que les opérations logistiques courantes vident les batteries.

L’enjeu technologique sur le plan de la parformance des batteries est liée au besoin des engins de manutention à rester compacts et adaptés aux espaces de circulation. Il est donc complexe de rajouter de nouveaux composants et modifier leurs dimensions actuelles.

 

      3. Perspectives pour la logistique

Ces avancées sont déjà significatives et permettent à de plus en plus d’acteurs d’entrapercevoir la possibilité d’investir plus largement dans des équipements de manutention hybrides ou électriques. Cela est d’autant plus intéressant lorsqu’au niveau du bâtiment l’acteur s’est déjà tourné vers l’énergie solaire, via des panneaux sur les toits. Les économies réalisées, tous modèles confondus, sont aussi déjà importantes à l’usage, grâce aux capteurs automatiques de consommation et à l’assistance informatique.

Que ce soit avec une motorisation thermique ou électrique, les performances actuelles des chariots vont grandissantes et ont un impact de plus en plus réduit sur l’environnement, par une meilleure utilisation des énergies. Il sera bientôt possible, pour envisager d’acquérir un appareil, de se focaliser sur la performance sans appréhender le choix énergétique (en lien avec le coût d’acquisition mais aussi l’autonomie), et pour les opérateurs logistiques c’est la liberté de maîtriser leur empreinte environnementale globale.

La préoccupation majeure, qui reste les coûts et l’efficacité opérationnelle pour tout prestataire logistique, devrait alors se tourner vers une meilleure gestion des équipes, moins de maintenances et de pannes, etc. Si les équipes peuvent être dédiées à leurs opérations pendant toute la durée d’une rotation, c’est une optimisation de travail et de rendement importante, qui aura probablement d’autres effets positifs annexes comme la réduction des erreurs.

Il restera à adapter les infrastructures et bornes de recharge à ces nouveaux parcs, notamment si l’on considère des modèles hybrides, avec des normes de sécurité importantes concernant l’utilisation de gaz liquides. Mais pour cela, les entreprises logistiques sont déjà bien au fait du calcul de retour sur investissement et comment l’intégrer dans leur plan de reconversion opérationnelle…

 

Définitions

Chariot de manutention :

Il s’agit de plateformes munies de roues pour servir à transporter des charges diverses au sein d’un site logistique. Dans cette note il est fait référence aux versions motorisées, toutes technologies confondues (carburant, gaz, électrique).

 

Sources

Informations annexes au site