Innovation, Logistique, Nouvelle économie, Orientation

Logistique, ou innovation ?

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Les processus logistiques sont partout dans nos chaînes d'approvisionnement, et dans le même temps invisibles et méconnues du grand public. De quoi parle-t-on exactement et est-ce un domaine d'expertise récent ou une continuité qui s'inscrit dans l'évolution de notre société, au travers de la complexité grandissante des marchés internationaux ?

Dans cette note de synthèse, nous vous proposons justement de voir si "Innovation" et "Logistique" ne seraient pas étroitement corrélés...

      1. Contexte

Il est impossible de le manquer : le mot « innovation » est actuellement partout dans les publications et ouvrages liées à l’évolution de la Supply Chain. Mais est-ce un phénomène de tendance ou bien une approche de fond qui a toujours mené notre économie à se repenser, à évoluer et donc innover ? Au-delà des innovations technologiques, on parle également d’innovation sociale ou organisationnelle, et les acteurs de la logistique moderne y sont fortement associés.

Que ce soit dans l’activité transport ou celle des prestations logistiques, les professionnels du secteur sont systématiquement mobilisés en contexte de crise. Ils doivent trouver des solutions pour répondre à des contraintes souvent complexes et immédiates. S’agit-il alors d’innovation ou de résilience ?

Au travers de plusieurs publications clefs mais également un retour en arrière sur l’évolution des flux logistiques, l’AFT vous propose de mettre en comparaison ces deux concepts que sont la logistique, et l’innovation…

 

      2. Synthèse AFT

  • Phase initiale : découverte du concept de logistique

Le terme « logistique » vient du grec logistikos qui signifie « relatif au calcul ». Par la suite, il sera régulièrement rattaché aux opérations militaires et fera l’objet de véritables stratégies décisives en matière de réussite ou d’échec (ex. : ouvrage « l’art de la guerre » de Sun Tzu ou les stratégies de batailles napoléoniennes). En effet, il ne s’agit pas seulement de trouver le point faible de l’adversaire ou d’avoir un ascendant numérique, mais de coordonner plusieurs actions autour d’un objectif. La prise en compte d’aspects considérés d’ordinaire comme secondaires ou invisibles, tels que les ressources alimentaires, la capacité de transport, de maintenance ou de soin… deviennent des enjeux stratégiques pour changer le cours d’une bataille, voire d’une guerre.

  • Phase 2 : amélioration des flux logistiques

Lorsque l’on s’intéresse à la logistique « économique », le concept de prestataire logistique n’apparaît que dans les années 1970. La littérature, principalement anglosaxonne, fait émerger ce principe en entreprise pour démontrer de l’importance de maîtriser l’ensemble des coûts et activités de l’entreprise pour construire un modèle compétitif sur un marché donné. Parmi ces postes de charge, grâce à la méthode ABC par exemple, on se rend compte des possibilités d’optimisation et de performance au travers d’une meilleure gestion des produits de la catégorie C, souvent considérés comme non stratégiques et sans règles de gestion spécifiques.

L’ensemble de ces aspects, à connotation principalement économique, ont alors mené les entreprises à se développer pour voir apparaître une fonction à part entière de logistique en interne. Du référent expert, consacré au pilotage d’une relation avec des prestataires logistiques, jusqu’au département logistique dédié, chacune va alors repenser ses processus autour d’une nouvelle expertise : celle de l’optimisation des flux. Cette optimisation n’a d’ailleurs pas vocation à être totalement intégrée puisque la sous-traitance permet parfois d’autres possibilités de gestion, d’autres services ou une capacité de maîtrise des coûts qui n’est pas accessible à l’entreprise en deçà d’un certain volume d’activité.

D'un expert référent au département logistique complet, les entreprises s'intéressent à l'optimisation des flux.

On assiste ainsi à une évolution organisationnelle des entreprises et principalement des plus grands groupes, autour d’activités qui ont toujours existé mais qui font désormais l’objet d’une attention spécifique.

  • Phase 3 : amélioration de la performance logistique

Une fois qu’une équipe d’experts, ou un prestataire logistique, s’est intéressé à l’ensemble des processus et des flux d’une entreprise, il leur reste à travailler la performance sur deux plans. D’une part, il faut suivre l’animation des flux (physiques, information et paiements) au quotidien, pour traiter toutes les anomalies, gérer les aléas et apporter des solutions à toute rupture de la chaîne logistique.

Exemple : tout le monde a connu le blocage mondial des flux d’approvisionnement qui a eu lieu suite à un porte-conteneur bloqué dans le canal de Suez.

D’autre part, il y a de nombreuses opportunités de solutions techniques et technologiques qui vont faire évoluer les processus vers un degré supérieur d’efficacité ou de performance. Les améliorations sont multiples et peuvent s’attaquer aux différents types de flux simultanément ou non. Pour les flux financiers, mettre en place des outils qui garantissent la traçabilité et la sécurité des versements est importante. Pour ce qui est des flux physiques, l’automatisation des tâches pour accélérer les cadences ou permettre une plus grande agilité des processus de fabrication sont très recherchés.

Les flux d’information, probablement les plus largement développés actuellement avec l’essor de la consommation digitale via divers supports technologiques, sont le dernier volet d’évolution technologique pour la logistique moderne. Il s’agit de maîtriser le plus précisément possible où se trouvent les informations, mais également les croiser avec plusieurs sites où les produits peuvent se retrouver physiquement à un instant T, et s’assurer des interconnexions entre les outils informatiques.

Cette évolution représente ainsi une évolution technologique forte, selon le segment que l’on cherche à améliorer, la typologie du flux et les moyens dont dispose l’entreprise. Elle ouvre la porte à davantage d’échanges entre les partenaires d’une même Supply Chain. Elle nécessite aussi la création de nouveaux profils professionnels. Il peut s’agir de nouvelles pratiques sur un même poste de travail qui a évolué autour de nouveaux outils, mais aussi de nouvelles compétences avec des profils chargés de faire le lien entre différents services pour améliorer la performance des processus.

  • Phase 4 : faciliter les conditions d’une logistique performante

Il s’agit de la nouvelle génération des « innovations » : sociales ou organisationnelles. La phase précédente a ouvert de nouvelles portes à l’évolution des modèles d’entreprise. La suppression de certains emplois est remplacée par des technologies automatives permettant des cadences très élevées, en parallèle de quoi la préparation des commandes, l’ultra-personnalisation de certains services. D’autres technologies permettent de nouvelles tâches soit beaucoup plus performantes que ce qu’un individu lambda est en capacité de réaliser, soit pour des niveaux de dangerosité élevés ce qui permet de réduire l’exposition d’une partie du personnel.

On le constate à tous les niveaux, la nouvelle génération n’est pas prête à appréhender l’emploi comme les générations antérieures puisque la connaissance existe et que les technologies modernes doivent être en capacité de protéger les travailleurs. On assiste alors au développement des technologies ou infrastructures tournées autour de la protection des individus (ex. : exosquelettes, cobotique, etc).

Toujours sur le plan de l’efficacité, les plus grands groupes constatent également que la performance se joue sur l’ensemble de la Supply Chain. Le partage d’information le plus en amont possible permet de réduire les coûts et temps de production, donc les achats, et rentabilise au mieux l’énergie déployée à la mise en place de produits sur les marchés. La mutualisation des moyens ou des services est encouragée, la transparence des informations également. Certains outils ou systèmes vont jusqu’à une coconstruction pour rejoindre les besoins de partenaires dont l’activité est distincte.

Autre évolution pour faciliter la performance dans un environnement déjà développé sur le plan des technologies ou des infrastructures : les nouvelles disciplines scientifiques. Ces dernières poussent toujours plus loin les capacités du digital au travers de supports de l’information ou d’algorithme de plus en plus performants (ex. : cloud computing, intelligence artificielle, etc).

 

      3. Evolutions des opérations pour la logistique

A l’instar de notes de synthèse précédentes, une logistique performante se démarque donc par sa capacité à évoluer et innover. Même si certains modèles logistiques à l’échelle très locale n’ont peut-être pas fortement évolué au fil des années en termes d’activités, ils sont contraints d’évoluer sur le plan des moyens et infrastructures (ex. : agriculture). L’une des tendances majeures qui se dessine désormais, au-delà de la capacité de résilience des Supply Chain, intrinsèque à l’existence même des fonctions logistiques, c’est celle du développement durable qui devrait encore faire considérablement évoluer les flux logistiques.

Car il existe à nouveau différentes pistes d’évolution sous cet angle. D’une part, une capacité d’exploitation des ressources nettement inférieure pour une production de biens et services équivalente voire grandissante. D’autre part une économie qui se repense et qui doit alors ralentir : rester rentable tout en utilisant et en produisant moins. Chacune nécessitera une mobilisation différente des moyens logistiques et une rentabilité de l’effort qui devra être traitée en tant que telle.

 

Définitions

Agilité : se dit d’une entreprise qui n'est pas figée dans ses processus et capable de s'adapter rapidement aux changements imprévus (de façon réactive) ou aux nouvelles tendances (de façon proactive) de son secteur.

Nouvelles disciplines scientifiques: au-delà des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et la Communication), il s’agit des sciences qui ambitionnent d'imiter les capacités cognitives d'un être humain.

Cloud computing : pratique consistant à utiliser des serveurs informatiques à distance et hébergés sur internet pour stocker, gérer et traiter des données, plutôt qu'un serveur local ou un ordinateur personnel.

 

Sources

Informations annexes au site