Emploi, Innovation, Logistique, Mobilité, Transport

L'avenir digital des opérations transport

Publié le

A l'heure où nous sommes de plus en plus connectés et sensibles aux modalités de livraison que proposent, ou non, les entreprises... où en sont les entreprises de transport ? Comment sont-elles outillées pour répondre aux attentes des consommateurs mais également de leurs donneurs d'ordre et clients ?

L'AFT vous propose ici de passer en revue différentes sources d'information qui pointent les améliorations possibles pour l'activité transport dans sa digitalisation et un état des lieux qui présente l'intérêt stratégique à passer aux nouvelles technologies. 

      1. Contexte

Le constat est là : selon la plupart des études, le secteur transport ne s’est pas encore suffisamment modernisé et numérisé pour faire face à la croissance constante des activités et les besoins d’une société de consommation toujours plus rapide et exigeante. Le transport routier de marchandise (TRM) représente pourtant plus de 37 000 entreprises, un parc de plus de 300 000 véhicules et génère 53 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit plus de 9,1% du PIB français.

L’industrie du TRM est un maillon essentiel de l’économie française, d’autant plus reconnu avec son rôle durant la crise covid, mais comme pour les autres secteurs, elle a fait face à différentes crises ces dernières années. Son très fort taux de compétitivité, sa dépendance aux donneurs d’ordre, l’évolution de l’économie et des canaux de distribution… sont autant de raisons qui bouleversent les organisations de transport, sans compter désormais le besoin de fournir un transport plus durable.

Ces dernières années et amplifié par la crise, l’explosion du e-Commerce et de l’omnicanalité stimulent la demande de transport de marchandises, circulant à 90% par la route. Pour autant, les transporteurs qui doivent répondre à ce besoin ne disposent pas toujours des bons outils et équipements pour le satisfaire.

 

      2. Synthèse AFT

Les opérations transport, en majorité indépendante des industriels ou distributeurs, sont historiquement dépendantes de leurs donneurs d’ordre en matière d’instruction, d’organisation et de volumétrie de fret. Cumulé à cela une très forte densité des opérateurs dans les régions à forte activité et une capacité à être opérationnel relativement accessible, l’activité ne disposait que de peu de leviers de négociation pour défendre ses marges commerciales.

Les dernières années démontrent également que la profession, peu valorisée et reconnue, faisait face à des difficultés de recrutement ou de fidélisation de leur personnel de conduite. Les valeurs et motivations de la profession sont principalement sociales, dans le rapport humain et l’interaction avec le client, que les conducteurs eux-mêmes décrivent de « métier à vocation ».

Notre société évolue aussi rapidement sur la problématique environnementale et la prise en compte des changements climatique, avec le besoin de conversion technologique de toutes les entreprises ayant un impact fort sur l’environnement. Les nouvelles énergies existent mais ne sont pas encore industrialisées. Elles coûtent cher à la mise en œuvre et le réseau d’avitaillement n’est pas encore totalement mâture. Il s’agit donc de trouver le bon timing pour reconvertir l’ensemble de son parc de véhicules.

Ces deux objectifs sont complexes à adresser pour la profession, dans un contexte de crise et avec des marges opérationnelles relativement faibles (2 à 2,5% en moyenne).

Or dans le même temps, le contexte économique, la multiplication des canaux de vente pour atteindre le client final et la collecte massive de données pour analyser et anticiper les ventes, nécessitent d’autres outils et une autre forme de communication entre les donneurs d’ordre et leurs partenaires de transport. Il faut voir le fort développement du e-Commerce comme une opportunité de refonte en profondeur du secteur.

Les grands distributeurs et autres chargeurs se sont rendu compte, grâce au numérique, de l’importance du maillon transport. La raison première d’abandon d’une commande en ligne ou d’insatisfaction client est liée à la modalité de livraison. Ils réalisent également le manque d’optimisation qui existe sans une parfaite coordination des tournées ou organisation des chargements qui tiennent compte de la gestion des retours.

La raison première d'abandon d'une commande en ligne ou d'insatisfaction client est liée aux modalités de livraison

A l’ère du numérique, les transporteurs sont actuellement en retard et pas suffisamment outillés pour répondre à toutes les sollicitations. De nouveaux acteurs se sont installés (plateformes numériques), avec leurs propres outils mais une autre approche du métier, moins professionnalisée mais plus dynamique, et d’autres véhicules (deux ou trois roues, camionnettes, etc.).

Ce que mettent en avant les rapports mentionnés en annexe, c’est que la digitalisation de la Supply Chain est nécessaire à l’amélioration des performances, de la rentabilité et de la maîtrise de l’impact environnemental. Ils présentent les avantages et inconvénients d’une logique des flux poussés ou tirés face à l’organisation des transports, et met en avant l’importance d’inclure les transporteurs dans leur stratégie commerciale. Le dernier véritable maillon du B2C, en interface avec le client, devient porteur d’une image de marque, d’un niveau de service et donc de qualité.

 

      3. Perspectives pour la logistique des transports

Par la digitalisation de leurs opérations, les transporteurs devraient pouvoir reprendre un rôle important vis-à-vis de leurs chargeurs pour valoriser la plus-value de leurs opérations. Elle devrait leur permettre de mieux rentabiliser leurs opérations et cibler plus précisément les aspects à négocier avec leurs clients et partenaires pour des résultats gagnant-gagnant :

  • Amélioration de la traçabilité                         >          moins de sollicitations client
  • Réduction des coûts opérationnels               >          plus de marge ou options de service
  • Meilleure coordination des infos                    >         réduction des temps de traitement
  • Fiabilité des informations                              >          plus de contrats à moyen/long terme

Avec encore une grande proportion des acteurs du transport non outillés en systèmes d’information numériques, ou non collaboratifs avec ceux de leurs clients, les écarts se creusent entre les grands groupes ou les petites structures. L’investissement vers les outils numériques est plus accessible cependant que vers de nouveaux équipements, et les économies réalisées grâce aux gains possible permet alors de progressivement se mettre à la page en ce qui concernent les nouvelles énergies, l’impact environnemental, etc.

            1. Servir l’omnicanalité

Tous les secteurs et jusqu’aux plus petits acteurs (artisans, commerçants) se sont adaptés aux nouvelles formes de vente. Les consommateurs utilisent de plus en plus les achats en ligne et attendent de nouvelles conditions de livraison. Investir dans le numérique c’est se rapprocher de la collaboration interacteurs de la chaîne d’approvisionnement. En ayant accès aux données de vente, aux zones géographiques à couvrir, à la fréquence attendue des livraisons, c’est aussi une meilleure gestion des moyens de transport, voire une adaptation des véhicules qui convienne aux objectifs stratégiques des partenaires tout en étant rentable pour le transporteur.

            2. Optimiser les flux

La grande tendance évolutive des Supply Chain dans leur ensemble, c’est la traçabilité. Les transporteurs ne peuvent plus opérer dans l’ombre, au risque de voir leurs contrats se réduire pour aller à la concurrence. Mais l’utilisation de TMS performants, si possible reliés à l’ERP ou WMS d’un chargeur, permet aussi de faire prendre conscience à ces derniers des gains à réaliser en tenant compte des contraintes transport, en limitant les retours à vide et en aménageant leurs opérations pour répondre à celles de la livraison. Les gains réalisés au global sont nettement supérieurs à un pilotage guidé par flux poussé, puisque le dernier kilomètre est dicté par le client final et qu’il s’agit des coûts les plus importants proportionnellement pour la chaîne d’approvisionnement.

            3. Impact environnemental

Non négligeable puisqu’il représente une priorité de société et un aspect majeur des Supply Chain de demain, l’impact environnemental pour les transporteurs peut aussi avoir des répercussions positives via le numérique. En s’outillant de ces nouveaux outils, ils commencent à alimenter le big data, renseignent les collectivités publiques et l’ensemble de l’écosystème qui aujourd’hui ne comprend pas toutes les contraintes ni l’organisation du transport, surtout en milieu urbain.

Accéder à ces informations, c’est sensibiliser l’ensemble des acteurs pour une transition plus progressive. C’est aussi permettre d’identifier précisément où positionner les futures bornes d’avitaillement, et le type d’énergie globalement exploité par les acteurs du transport routier de marchandises.

 

      4. Conclusion

Ces différents articles et livres blancs présentent une synthèse des possibilités qu’apportent les outils numériques et notamment TMS pour les acteurs du transport. Ils défendent l’intérêt stratégique de s’y investir pour plusieurs raisons, tant internes (optimisation et rendement) qu’externes (impact environnemental et perspectives).

Avec le retard pris par le secteur cependant, il faudra également tenir compte du besoin de formation et d’appropriation de ces nouveaux outils. Cela pourra avoir un aspect positif et attractif sur les nouvelles générations, mais également mettre en difficulté une majorité des conducteurs actuels s’ils ne sont pas bien accompagnés.

Le numérique et les avancées concernant la gestion des données ont déjà mis en évidence le caractère essentiel et stratégie du maillon transport, sans même qu’il y soit pleinement connecté. Le fait de s’outiller et de se connecter aux outils de leurs partenaires devrait accompagner une véritable tendance des acteurs logistique qui est la collaboration (voire mutualisation) des opérations, pour réaliser toujours davantage de gains. Avec la mondialisation des chaînes d’approvisionnement, il faut décloisonner la vision de l’entreprise pour lui permettre de croître.

La digitalisation est donc un virage à ne pas manquer pour tous les acteurs de la Supply Chain.

Avec la fragmentation très importante des solutions qui se présentent aux acteurs du transport, il ne reste plus qu’à mettre en place une cartographie des outils existants pour sélectionner au mieux celui qui leur correspond.

 

Sources

Informations annexes au site