Enseignement supérieur, Logistique, Transport

Le report modal ferroviaire et fluvial, au cœur des enjeux de la transition écologique

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Les enseignants des filières Transport-Logistique des BTS GTLA et BUT MLT ont pu participer en octobre et novembre derniers à 2 webinaires traitant respectivement du transport multimodal ferroviaire et du transport multimodal fluvial, bénéficiant ainsi de 2 approches différentes mais complémentaires.

 

 

Le premier webinaire intitulé : Réussir le report modal / Focus sur le sud francilien / M.I.N Rungis / Villeneuve Saint-Georges, s’est déroulé en présence de Didier Lourdin : Conseiller Projets Territoriaux, SNCF Ile-de-France et Christian Morel : Directeur associé, JONCTION - Etudes, conseil et recherche en mobilité des biens et a été animé par Antoine Fremont, Géographe et enseignant chercheur à l’université Gustave Eiffel.

Ce webinaire a été l’occasion de dresser un panorama du fret ferroviaire actuel et de ses futurs axes de développement à partir de l’analyse de l’activité des sites de Villeneuve St Georges et Valenton / Mine de Rungis / Plateforme de Massy Valenton / Port de Bonneuil.

Le report modal ferroviaire un enjeu de transition écologique majeur

Les enjeux de transition écologique et de développement de transport décarbonés sont au cœur de la stratégie nationale pour le développement du fret ferroviaire. L'Etat ambitionne le doublement de la part modale du fret ferroviaire d’ici 2030 et engage des financements tant pour le soutien de l’exploitation des services de fret ferroviaire et de transport combiné, que pour la modernisation des infrastructures actuelles et la création d’infrastructures nouvelles, via notamment le plan de relance.

Après des années réservées essentiellement à la création de lignes TGV, au trafic voyageur, et à l’accompagnement de la croissance de la région parisienne, nos intervenants estiment que la période actuelle connaît la réaffirmation de l’intérêt du développement du fret ferroviaire et des moyens à y consacrer que ce soit de la part de l'Etat, des instances européennes, des territoires, mais aussi des acteurs du fret ferroviaires eux-mêmes.

A cela, s’ajoute d’autres conditions favorables au développement du fret ferroviaire comme la fragilisation du transport routier de marchandises (TRM), avec la pénurie des conducteurs, le souhait de régionalisation du TRM, ainsi que la mise en place de la RSE dans les entreprises visant la décarbonation des plans de transport et la réduction des tonnes / km.

Une idée vertueuse mais difficile à vendre politiquement sur le terrain

Le transport de fret ferroviaire en Ile-de-France (300 trains / jour contre 6000 pour les voyageurs) est encore parfois perçu comme une source de nuisance, ce qui nécessite un travail de pédagogie et de concertation afin de pacifier, harmoniser et insérer les nouveaux projets dans l’environnement existant, et d’augmenter ainsi leur niveau d’acceptabilité.

Des projets aux développements complexes

Après avoir passé en revue les 4 sites concernés avec leurs atouts et leurs contraintes (Valenton éloigné des riverains mais avec peu de possibilité d’extension, Villeneuve Saint Georges conditionné à la création d’infrastructures complémentaires complexes et coûteuses), les intervenants insistent sur la difficulté de la mise en relation des sites entre eux. Favoriser l’intermodalité s’avère donc être une succession de projets complexes, tant en termes de faisabilité technique que d’insertion dans le tissu économique, ou de validation par le acteurs politiques locaux.

Le transport routier représente actuellement 85 % des parts de marché, le solde se répartissant entre Ferroviaire et fluvial.

Pour accompagner ce doublement de la part modale, plusieurs innovations techniques sont prévues au niveau des matériels ferroviaires  : des wagons silencieux, interopérables, bénéficiant de l' IA et de datas, circulant sur des terminaux avec triage automatisé, bénéficiant de technologies de traction bas carbone sans oublier la mise en place de trains autonomes.

Par ailleurs, au-delà du ferroviaire conventionnel, trains complets ou wagons isolés, il faudra, pour atteindre les objectifs de 2030, développer davantage les autoroutes ferroviaires (transport de semi-remorques par train sur les lignes existantes) et les autoroutes de la mer (offre de transport intégrée route/maritime permettant par exemple de relier 2 ports).

La nécessité de nouveaux schémas directeurs réaffirmée

Cependant atteindre cet objectif ne pourra se faire sans nouveau schéma directeur, dimensionnement des outils, et création de conditions d’exploitation favorables.

A ce jour, plusieurs idées émergent quant à la création de 2 arcs structurant l’organisation des transports et de la logistique sur le territoire de l'Ile-de-France et sur les régions limitrophes qui répondent à des besoins du marché et des trafics différents.

Un premier arc réservé aux flux franciliens avec la présence de hub, assurant des arrivées massifiées avec dispatch des marchandises vers l’Ile-de-France par voies routières ou fluviales. Cet arc intérieur situé en zone dense s’appuierait sur l’existant, et suivrait les canaux de la grande distribution.

Un deuxième arc extérieur, axe en devenir, connecté à des grandes plateformes logistiques plus éloignées de l’Ile-de-France, bénéficiant de terminaux modernes permettant la connexion rail / route et dimensionnés pour traiter des flux massifs de transit irrigant tout le territoire.

Ces deux axes contribueraient à dessiner le devenir du report modal francilien pour la partie rail / route, avec une volonté d’intégrer aussi le vecteur fluvial. 


En conclusion

Le report modal ferroviaire est appelé à jouer un rôle beaucoup plus important dans les années à venir et à participer pleinement à la réorganisation du secteur Transport et Logistique comme éléments structurant de notre économie et de la transition écologique.

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