La digitalisation du transport maritime

Prospective et innovation, Transport

La fin des connaissements "papier" pour le transport maritime

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En avril dernier, après une phase pilote réussie, la MSC (Mediterranean Shipping Company) a communiqué son intention de numériser tous les bons de chargement de sa clientèle mondiale. Avec la mise en place du connaissement (reçu de marchandises) électronique (eBL) crypté et signé numériquement sur la plateforme blockchain de la jeune pousse israélo-américaine WAVE BL, elle garantit la validité du document à l'expéditeur de conteneur et son destinataire, évitant ainsi les fraudes, et permet le "sans contact" rendu indispensable en période de pandémie.

Le connaissement est le document de transport le plus important dans le commerce international et malgré plusieurs tentatives de digitalisation, le secteur du transport maritime a recours à sa version papier. Selon la MPA (Maritime and Port Authority) de Singapour, malgré la crise liée à la Covid-19, seulement 0,1% des connaissements sont émis par voie électronique. L'eBL permet aux expéditeurs et aux autres acteurs clés de la chaîne d'approvisionnement de recevoir et de transmettre le document de connaissement par voie électronique, de façon simple, rapide et plus sécurisée, sans aucune modification de leurs processus et sans impacts sur leurs activités quotidiennes. Son adoption massive permettrait de réaliser de réelles économies. Selon les chiffres de DCSA, dont la MCS est un membre fondateur, en atteignant seulement 50% d'adoption de l'eBL d'ici 2030, le secteur industriel pourrait potentiellement économiser plus de 4Md€/an.

La plateforme de WAVE BL a été utilisée par ZIM, société israélienne, pour émettre son premier eBL en 2017 et depuis 2020 la coopérative laitière néo-zélandaise Fonterra s'est associé à WAVE BL et HSBC pour leurs eBL. Mais ce n'est pas le seul acteur du marché des eBL. Par exemple, Bolero et essDOCS ont développé des solutions sans blockchain à l'inverse de R3, spécialiste des blockchains d'entreprise, qui teste une version bêta de l'eBL Corda et CargoX qui possède sa propre solution blockchain. En 2020, la société TradeLens, plateforme logistique blockchain développée par IBM et Maersk, dont MSC est partenaire, a réalisé un test au port de Rotterdam qui consistait à utiliser des tokens** pour le dédouanement des marchandises dont les résultats sont prometteurs.

 

*DCSA : La Digital Container Shipping Association a établi des normes pour le suivi et la traçabilité des conteneurs maritimes qui visent à faciliter l'interopérabilité des systèmes d’information.

**Un token, appelé aussi jeton, est un actif numérique émis et échangeable sur une blockchain. Il peut être vendable et achetable à tout moment, à un prix fixé en temps réel par l’offre et la demande(https://blockchainfrance.net/2018/05/22/comprendre-les-tokens/).