Environnement et Développement Durable

Filière gaz : entre transition écologique et crise économique

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Avec la repise économique post-Covid et l'impact de la guerre en Ukraine, le prix du GNV* flambe depuis un an et demi. Pour soutenir la filière, les acteurs du secteur, et notamment ceux du transport, se mobilisent.

Après le marché des autobus, depuis 5 ans, celui des camions ne cesse de progresser et celui des autocars commence également à se tourner vers cette énergie. Selon l'Association Française du Gaz Naturel Véhicules (AFGNV), le nombre de poids lourds au GNV en circulation a été multiplié par huit. En effet, beaucoup de transporteurs ont choisi cette solution pour réaliser leur transition énergétique en attendant un marché de l'électrique à batterie ou l'hydrogène plus mature, surtout que le rétrofit permet de convertir les moteurs diesel ou essence au gaz naturel sans avoir à renouveler entièrement leur flotte.

Mais la perte de compétitivité du gaz avec le diesel inquiètent les transporteurs. Selon une étude récente du Comité National Routier (CNR), l’indice carburant GNV a été multiplié par 3 en 2 ans, passant de 83,37 en août 2020 à 257,42 en juillet 2022. En analysant la rentabilité des poids lourds GNV (GNL longue distance et GNC** régional) par rapport à celle des poids lourds diesel (longue distance et régional), elle arrive à la conclusion qu'avec l'inflation des prix du gaz (+70%), le coût d'exploitation est passé d'un avantage concurrentiel de 7,8% par tonne-km transportée jusqu’en 2020 pour le gaz, à un coût désormais supérieur de 7,2% par rapport à un véhicule diesel comparable.

Malgré un manque de visibilité à court terme, les acteurs de la filière parient sur le biogaz. Le bioGNV offre un bilan carbone très attractif et rivalise avec le véhicule électrique en matière de décarbonation mais aussi de réduction des nuisances sonores (<71 dB), intéressant notamment pour les livraisons urbaines et nocturnes. C'est pourquoi la FNTR a proposé de détacher le prix du biogaz de celui du gaz naturel et que l'AFGNV a soumis aux pouvoirs publics son objectif de 120 000 véhicules poids lourds alimentés au GNV dès 2033 en 100 % biométhane. Par ailleurs, des projets de partenariat avec des méthaniseurs se concrétisent pour sécuriser l'offre de gaz pour les années à venir.

 

* Le GNV (gaz naturel véhicules) est un carburant issu du gaz distribué dans les réseaux comprimé à 200 bars. Aujourd’hui,15 000 poids lourds au gaz circulent en France (40 % en transport de voyageurs et 60 % en transport de marchandises), ce qui représente 4 % des poids lourds vendus, 15 % des bus urbains et 12 % des bennes à ordures. 

** Le GNL (gaz naturel liquéfié) est du gaz naturel condensé à l’état liquide. Le GNC (gaz naturel comprimé) est la forme la plus répandue du GNV.

*** Le bioGNV est produit à partir de déchets organiques et représente 20 % du GNV consommé en France.

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