Environnement et Développement Durable, Innovation, Logistique

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La digitalisation fait désormais partie de notre quotidien, au point où la nouvelle génération ne sait probablement pas à quoi peut ressembler un téléphone sans fil. Cependant, est-ce déjà le cas dans les entreprises ? Peut-on mesurer le taux de pénétration des technologies digitales dans tous les types d'entreprises de notre société, et mesurer au passage l'apport en efficience, notamment dans une optique de durabilité ? La logistique s'est toujours appuyée sur l'évolution des techniques et technologies pour améliorer son impact et doit faire face aux enjeux du dérèglement climatique de façon très concrète.

Est-ce possible avec les outils existants, et est-ce la seule possibilité de mieux gérer nos chaînes d'approvisionnement ?

      1. Contexte

La gestion de la donnée a toujours été au cœur des pratiques logistiques et des leviers de l’optimisation des ressources de l’entreprise. En effet, la gestion des flux physiques de marchandises sont systématiquement accompagnés de flux d’informations afin de satisfaire les besoins client, de géolocaliser les produits et de maîtriser tous les coûts opératoires lors de l’acheminement.

Avec le 20ème siècle et les différentes révolutions industrielles, les technologies sont de plus en plus performantes pour accompagner la transformation des processus logistiques. La quantité de données captées est exponentielle, et il faut plus que le cerveau humain pour les traiter afin de les trier et prendre les meilleures décisions.

Jusqu’où cela peut-il se poursuivre et comment la logistique moderne va-t-elle encore se transformer pour accompagner cette phase ultra-technologique ?

 

      2. Synthèse AFT

Au départ, il y avait les calculs, et la méthode. Les experts de la logistique étaient avant tout des stratèges avec une bonne lecture des contraintes et enjeux de la chaîne d’approvisionnement, pour mettre en œuvre une stratégie d’approvisionnement efficace à partir des informations dont ils disposaient. L’essor de l’automatisation et la mécanisation a permis d’accélérer les flux, de les massifier, et de travailler sur l’optimisation des coûts dans ce sens.

Avec l’augmentation des capacités du marché, les performances logistiques sont aujourd’hui attendues sur de l’ultra personnalisation des produits et services, et une diversité de produits issues de l’ensemble des régions de la planète. Les capteurs disséminés tout au long de la chaîne d’approvisionnement sont désormais en mesure de fournir des informations précises sur la géolocalisation, l’état général des produits, les risques rencontrés et soulever des alertes pour en protéger l’intégrité.

Il ne s’agit plus de simplement suivre les colis transportés, mais bien des produits à l’unité, à destination de client qui sont pratiquement connus à l’avance dès la production. Les plateformes digitales de e-Commerce ont ainsi développé des algorithmes pour prépositionner un maximum d’articles au plus près des marchés en fonction des habitudes de consommation et des préférences du « bassin de consommateurs » à proximité du site logistique.

L’Internet des Objets (IoT), et la démultiplication des objets intelligents qui facilitent la collecte de données de toutes natures, vient faciliter la mise en place d’un internet physique dans lequel la frontière entre les infrastructures disparaît progressivement. La stratégie omnicanale, couplée à ce dispositif, vise ainsi à connaître à tout instant les états de stock, peu importe où ils se trouvent, pour réorienter les flux de la façon la plus efficace (et proactive) possible. La gestion logistique devient dès lors critique à la compétitivité des entreprises, à la maîtrise des coûts et surtout à la satisfaction des clients puisque les délais de livraison sont devenus particulièrement critiques avec le 21ème siècle.

Avec l’essor de l’IoT dans les usages du quotidien auprès des ménages, il devient également possible d’étendre le périmètre de la Supply Chain au sein même des foyers. Il est possible de récolter des informations sur les comportements de consommation de profils types et représentatifs de la population, sous réserve de leur consentement. Réflexion qui d’ailleurs implique un renforcement important et essentiel des règles régissant les données personnelles, principalement dans l’Union Européenne.

Ce constat global, de la performance exponentielle et la capacité de notre société moderne à trouver des solutions toujours plus performantes et incroyablement diversifiées, malgré tous les enjeux des ressources et une couverture internationale, tend à créer une génération de dirigeants et leaders mondiaux très optimistes sur l’avenir. On les qualifie de « cornucopiens », puisqu’ils voient au travers de l’ensemble de ces réussites, bien réelles, la possibilité d’un avenir dans lequel il est toujours possible de trouver des solutions, grâce au génie humain.

Or, les limites planétaires, qui se rappellent à nous de plus en plus rapidement depuis maintenant quelques années, démontrent qu’il y a urgence à revoir un grand nombre de nos pratiques et de notre consommation. Est-il possible maintenant de transformer au plus profond de ses règles de fonctionnement, notre modèle de société ? Et les technologies pour y répondre sont-elles existantes ou doivent-elles encore être conçues et déployées afin de rapidement prendre le relais sur nos chaînes d’approvisionnement existantes ?

 

      3. Perspectives pour la logistique

La logistique moderne, au milieu de ces enjeux critiques pour la survie de l’humanité et de la biodiversité, se doit de trouver rapidement des réponses à ces questions, en s’appuyant sur de nombreux experts, toutes technologies confondues. Mais la force des experts logistiques, depuis plusieurs générations, ne réside pas dans le choix de leurs technologies, mais bien dans leur capacité à innover et trouver des solutions à un problème donné.

En effet, il est important de rappeler, si besoin était, que le secteur des transports en France est composé à 92% d’entreprises de moins de 50 salariés et que moins de 6% des entrepôts sont automatisés, sur une partie de leurs processus opérationnels seulement. Ce n’est donc pas une chose aisée que de transformer les opérations et d’utiliser les technologies à l’échelle industrielle, mais pour autant, c’est bien ce réseau qui assure le bon fonctionnement global de notre économie.

Il existe donc encore une « palette » de solutions disponibles pour nos experts de la logistique, afin de travailler simultanément sur l’exploitation des ressources, l’optimisation des flux et la satisfaction des besoins du marché. Mais l’accélération digitale n’en sera probablement qu’une facette, pour mieux définir dans les années à venir ce qui de la réduction des productions, de la priorisation des ressources ou de la transformation des pratiques professionnelles, sera le plus efficace. En attendant de voir apparaître les possibles nouvelles technologies au service d’un avenir plus durable et qui ne puiseraient pas dans des ressources sous risque d’épuisement prochain, il faut aborder dès à présent les flux logistiques autrement.

Si la digitalisation des pratiques et des services de l’entreprises a fortement augmenté depuis la période covid-19, ses bénéfices en termes de gestion des flux sont indéniables à niveau constant de production et de moyens. En revanche, c’est aussi une incitation à l’augmentation des flux étant donné que cela libère des capacités opérationnelles par ailleurs. Ne parlerait-on pas alors d’un choix cornélien, de devoir choisir de s’abstenir de servir plus, tout en sachant que nous en sommes parfaitement capables, et bien mieux qu’hier ?

 

Sources

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