Environnement et Développement Durable, Logistique

Les bases de la Green logistique

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Les campagnes de verdissement des marques et des produits de grandes consommations se démultiplient, pour démontrer des efforts réalisés par certains dans cet objectif et de l'impact à priori plus durable de ces mêmes produits sur la planète. A l'inverse, les critiques par les associations de consommateurs ou de défense de l'environnement sont tout aussi nombreuses et pointent du doigt certaines imperfections dans les messages transmis, voire une intention de tromper...

Comment faire la part des choses et à partir de quand peut-on parler de logistique verte, ou green logistique ?

 

      1. Contexte

Elle s’est progressivement installée dans le lexique professionnel, les entreprises et grands groupes se l’approprient pour travailler sur leur image de marque : la green logistique. Mais derrière ce terme, quelles sont les actions mises en place par les acteurs du secteur ? Comment se distinguent les changements opérationnels, voire organisationnels, et les effets d’annonce, qui peuvent aussi être perçus comme du greenwashing par le grand public si elles ne sont pas immédiatement accompagnées d’un plan d’action ambitieux ?

Avec les impacts de plus en plus visibles au quotidien et dans l’ensemble de nos sociétés du dérèglement climatiques, la green logistique n’est plus seulement un effet de mode. C’est à la fois un véritable levier de compétitivité et de différenciation de la concurrence, et un outil de résilience pour les Supply Chain.

L’AFT vous propose ainsi un petit tour d’horizon des sujets les plus susceptibles d’avoir un impact sur les verdissement des opérations logistiques, et les leviers dont disposent actuellement les professionnels du secteur.

 

      2. Synthèse AFT

Les opérations logistiques sont complexes par natures car elles visent à créer de la flexibilité pour des chaînes d’approvisionnement diverses et variées. Ces Supply Chain ont par ailleurs augmenté leurs besoins de façon exponentielles depuis plusieurs décennies, avec :

  • Une extension internationale des activités (fournisseurs à distance, longueur des trajets, etc.),
  • Une ouverture des marchés (volumes de frets, amplification de la production, étiquettage multilangues, etc.),
  • Une croissance des contraintes administratives (changements douaniers, règlementations distinces, zones à faibles émissions, etc.),
  • Un report de plusieurs opérations sur les prestataires logistique (préparation de commande, différenciation retardée, copacking, etc.).

Face à tout ces changements, les activités de transport et logistique portent pour beaucoup l’impact environnemental des Supply Chain, perçu au travers des émissions de gaz à effets de serre par le grand public. En dehors des processus industriels, c’est l’activité polluante la plus « visible ». Depuis les années 2000, de plus en plus d’entreprises logistiques prennent en compte les impacts environnementaux de leurs opérations et s’investissent à mettre en place des actions écoresponsables tout au long de la chaine de valeur.

Des dispositifs comme « Fret 21 » ou « Objectif CO2 » tentent d’accompagner et réduire l’empreinte écologique du secteur logistique. Et plus récemment, France Logistique a fait de la transition énergétique un de ses chantiers prioritaires. Il y a une prise de conscience globale que la compétitivité de la filière passe par une gestion plus durable de ses opérations, et pas seulement par obligation des donneurs d’ordre. 

      Que signifie donc la mise en place d’une green logistique ?

Non, ce n’est pas simplement, ou seulement, le remplacement des camions. D’une part, les technologies de motorisation verte ne sont aujourd’hui pas suffisamment développées pour répondre à l’ensemble du parc routier des marchés. D’autre part, il existe surtout une multitude d’actions qui vont permettre aux experts de la logistique d’apporter des solutions plus vertueuses à leurs donneurs d’ordre, clients et consommateurs finaux.

Les efforts logistiques concernent à peu près les mêmes préoccupations que toute autre organisation. Cela passe par la mise en place d’une démarche globale, telle que la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Elle va permettre de poursuivre l’effort de compétitivité économique tout en prenant en compte, à tous les niveaux, la dimension sociale et environnementale de leur activité.

La première dimension concernée pour accompagner les changements structurels qu’implique cette nouvelle approche de la logistique : le management. On peut également parler de la gouvernance. Il s’agit d’intégrer dès le niveau stratégique, le fait qu’il va falloir apporter des changements organisationnels et une vision qui accompagne une offre de service révisée.

      Pourquoi la gouvernance est-elle aussi importante ?

Parce que sans volonté politique, cela limite la capacité des acteurs à étendre leur offre « logistique ». Les exemples d’intermodalité ou de multimodalité, avec mutualisation de ressources ou de processus de travail, sont un exemple. La révision des infrastructures vers des normes de plus en plus écoresponsables, qui demande un budget conséquent, en est un autre. Sans compter également le rôle de plaidoyer qu’il faudra assurer auprès des donneurs d’ordre. Car pour rester compétitif, il faut non seulement faire évoluer son offre en maîtrisant les coûts de la transition, mais répondre à des cahiers des charges, voire accompagner les clients pour valoriser vos efforts dans ce sens.

Parmi les autres domaines sur lesquels la logistique est en train de se transformer, toujours sous impulsion stratégique, se retrouvent deux grandes catégories d’action :

 

      1/ Les changements dans l’offre de service

Pour une meilleure maîtrise de l’impact environnemental, des partenariats ou l’extension des opérations sont réfléchis pour apporter une plus-value complémentaire. Ainsi, la reverse logistique, rattachée à des opérations de tri des retours, de recyclage, etc. va apporter une meilleure gestion des flux, un meilleur suivi des produits issus de la chaîne d’approvisionnement. En s’associant au pilotage de tous les « retours produit », les logisticiens optimisent leur organisation et diminuent les flux parfois chaotiques qui peuvent en résulter.

Cela passe également par une responsabilisation des consommateurs. Un affichage en transparence de l’impact environnemental de chaque action, depuis le type de livraison (express, standard, relais colis, etc) jusqu’aux services possible pour les retours (reconditionnement, recyclage, destruction, etc). Plus l’information sur le traitement des colis, en amont comme en aval, est connue en avance, plus les économies en énergie déployée et en ressources nécessaires, en transport… sont réduites.

 

      2/ Les changements techniques en interne

De ce côté, les opérations logistiques sont déjà très en avance sur la majorité des acteurs économiques, mais poussent toujours davantage leurs efforts d’optimisation. La green logistique, c’est avant tout des équipements et de l’energie qui utilisent moins, ou mieux, des ressources. Ainsi tous les efforts sur les entrepôts et plateformes logistiques vont permettre des économies substantielles sur les consommations énergétiques. Elles peuvent aussi accompagner la biodiversité locale. De nombreux projets voient le jour dans ce sens, depuis l’installation de panneaux solaires pour l’autonomie totale du site, jusqu’à des aménagements de champs de moutons et ruches à proximité. En passant par toutes les technologies permettant ce type d’amélioration, l’intérêt pour les opérateurs est un gain sur les 3 plans de la démarche RSE : environnemental, économique et social (meilleur cadre de travail).

Parmi les améliorations technologiques, il y a également un investissement dans la performance et l’inter-compatibilité des outils. Beaucoup d’experts l’évoquent : la mutualisation, notamment des données, c’est la garantie d’une meilleure efficacité opérationnelle.

Celle-ci rejoint donc un double objectif lorsqu’elle est mise au service d’une green logistique. Renfort de la traçabilité, étiquetages universels qui réduisent les manipulations et réimpressions, meilleure anticipation des flux pour réduire voire supprimer des transports, etc.

La difficulté en revanche, c’est de mettre en place toutes ces actions de façon coordonnée et de communiquer correctement sur ces actions. Un effet d’annonce précoce et c’est la critique immédiate. Une action qui ne serait pas validée par vos partenaires risque également d’être mal comprise ou valorisée. Une action qui ne s’inscrit pas dans une vision d’ensemble et une transition globale de l’activité manquera également d’impact.

 

      3. Perspectives pour la logistique

Les prestataires logistiques ont déjà l’habitude et la culture du changement. Jusque là, rien de nouveau pourrions nous dire. Mais il y a cependant une tendance toujours plus marquée de l’impact, ou des bénéfices, de la mise en place d’une green logistique : l’influence sur la stratégie commerciale des grands groupes.

En effet, avec toutes ces actions mises en place, les prestataires logistiques ont une voix de plus en plus entendue lors des décisions stratégiques et commerciales. Il s’agit de proposer des solutions à des clients de plus en plus exigeants, mais soumises à ces nouvelles conditions de distribution. Il ne s’agit plus d’expédier et conquérir des marchés tous azimuts, mais de revoir la manière dont l’information est transmise aux consommateurs finaux, pour leur faire prendre conscience de l’impact environnemental de chacune de leurs demandes (les « clics » notamment).

Avec le rôle décisif des opérations logistiques dans le dernier kilomètre, ce sont autant les changements modaux que les propositions d’éco-conception qui vont influencer la manière dont les produits sont mis en marché dans les années à venir. Cela signifie potentiellement à terme imposer des emballages (choix de matériau et dimensions), voire des caractéristiques produits maximum un jour ?

Côté distribution, la transparence des données reste au cœur des opérations logistiques. Le calcul de l’impact carbone de chaque canal et opération de livraison permettra de se comparer à la compétition mais surtout de responsabiliser tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement. Il faut donc établir de nouveaux partenariats, trouver le point d’équilibre entre les modes et influencer voire contraindre le client final à utiliser des modes de distribution plus vertueux. L’intérêt sera multiple : gain d’efficacité et financier, maîtrise des marges opérationnelles et bénéfice pour la planète…

 

Définitions :

Green logistique : décrit toutes les tentatives de mesurer et de minimiser l'impact écologique des activités logistiques.

Greenwashing : procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation pour se donner une image trompeuse de responsabilité écologique.

Copacking : activité de conditionnement (emballage et étiquettage) des produits pour les clients.

 

Sources

Informations annexes au site