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RSE, ou service logistique pour la planète

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RSE : Responsabilité Sociétale des Entreprises.

Vous en avez certainement entendu parler puisqu'il s'agit pour toutes les entreprises, quelle que soit leur activité, de réfléchir à leur contribution à notre société et en particulier notre avenir commun, au regard du dérèglement climatique. Pour les entreprises de transport & logistique, l'enjeu est d'autant plus important que leurs activités sont réputées polluantes tout en étant essentielles au fonctionnement de notre société. L'AFT vous propose un aperçu des réflexions en cours de ces professionnels du secteur.

      1. Contexte

Le terme est en vogue depuis quelques années, et des messages forts sont poussés par le gouvernement et notamment le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires pour la valoriser : la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Mais ce qui se cache derrière l’acronyme RSE est parfois moins évident que ce qu’il n’y paraît. Plusieurs annonces ont été faites par des groupements d’entreprises, des associations fortement investies dans la démarche RSE depuis quelques années, et plus récemment des associations telles que France Logistique : « les entreprises logistiques doivent se lancer dans une démarche RSE ».

Concrètement, chacun de ces acteurs apporte sa pierre à cet édifice complexe ; l’objectif est de mobiliser toutes les entreprises, notamment dans l’activité Transport et Logistique, pour contribuer à un effort social et environnemental de société. Cela passe donc par un positionnement et des choix d’équipements, d’énergie ou d’infrastructures, mais aussi par des changements internes importants pour remettre l’humain au centre des activités, sensibiliser les partenaires à toutes ses contraintes, etc.

Et si la RSE n’était finalement qu’une extension de tous les efforts initiés par les entreprises du secteur jusqu’à présent ?

 

      2. Synthèse AFT

Pour bien aborder le sujet, il s’agit déjà de comprendre ce que recouvre une « démarche RSE ». Il s’agit pour toute entreprise d’appréhender son activité au travers de 3 piliers fondamentaux :

Démarche RSE - Les piliers

Dans ces mêmes trois piliers (Environnement, Social et Economie), se retrouvent plusieurs « champs d’application » des actions d’une entreprise, qui permettent de cibler plus précisément ce qui peut avoir un impact sur le modèle de l’entreprise et donc son empreinte sociale, environnementale ou économique dans la société.

Cependant, avant de se lancer dans une démarche RSE, il est nécessaire pour chaque entreprise de poser un diagnostic : établir les aspects pour lesquels elle s’est déjà investie et mobilisée, ceux pour lesquels des résultats sont notables et performants, ou à l’inverse moins bons voire absents. Ce diagnostic RSE est donc la base essentielle de travail avant d’initier la moindre opération et valoriser ce qui peut l’être.

Cela permet de se rendre compte qu’un certain nombre d’actions a peut-être déjà été mené, notamment sur le plan social ou économique, comme la valorisation des métiers, travailler sur l’attractivité de l’emploi, revoir les prestations de l’entreprise par rapport à son portefeuille clients, etc. Il faut comprendre que la RSE s’appuie au départ sur les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) établis par les Nations Unies, mais qu’elle n’impose aucune méthodologie ni des actions spécifiques car très transversale à tout secteur d’activité. Cela signifie que ce sont ensuite aux organismes de branches, ou aux entreprises elles-mêmes, de travailler sur des axes d’amélioration qui soient les plus pertinents par rapport à leur activité pour répondre à ces objectifs.

C’est ce travail que sont en train de fournir un certain nombre d’acteurs : poser les bases de la méthodologie RSE au travers d’un fascicule simplifié, mettre à disposition un outil de diagnostic pour cartographier les axes d’amélioration, mettre en œuvre un label « Transport & Logistique responsables », etc.

Tous ces outils vont dans le sens d’une mobilisation générale du secteur pour rendre les opérations de transport et logistique plus vertueuses, que ce soit sur le plan social, économique ou bien entendu environnemental. Ce dernier est probablement le pilier le plus complexe à atteindre, pour un secteur qui représente près de 14% des émissions de CO2 en France sur le transport de marchandises seulement. Mais il existe déjà de nombreuses initiatives pour optimiser les opérations, étudier les nouvelles motorisations et énergies disponibles, travailler sur la multimodalité, etc.

Le secteur est loin d’être inactif sur le domaine, malgré les critiques qui persistent et le retard certes qui reste important au regard des objectifs de notre société, à savoir maintenir voire réduire nos émissions carbone au global. Mais parallèlement, les niveaux de consommation augmentent, les canaux de distribution se diversifient, les flux de la mondialisation sont en train d’être révisés à cause des crises internationales à répétition… Il s’agit donc d’une mise en place complexe, sur un secteur d’activité déjà en tension.

La démarche RSE pourrait bien devenir la solution d’un avenir pour toute l’activité étant donné qu’il s’agit de travailler à une meilleure attractivité des emplois, d’améliorer les conditions d’exercice et de valorisation interne, d’encourager des pratiques vertueuses dans l’air du temps comme l’économie circulaire, la récupération et recyclage des déchets, la recherche de canaux de distribution de plus en plus variés pour répondre aux besoins de tous de façon optimale…

 

      3. Perspectives pour la logistique

Dans les faits donc, qu’est-ce que cette « RSE logistique » pourrait changer pour les entreprises du secteur ?

Une impulsion au changement généralisée.

En effet, nombreux sont les dirigeants qui savent déjà que la mutualisation est essentielle pour la rentabilité et l’efficacité. Tout autant, ils expliquent qu’ils ont à cœur de sécuriser leurs emplois dans un contexte où l’attractivité est difficile et où la profession reste encore très connotée et méconnue du grand public. Cependant pour tout le secteur, il y a de nombreux chantiers à mener et des moyens humains comme financiers souvent contraints à prioriser l’exercice en cours, les attentes clients et la rentabilité en fin de mois.

La réflexion posée pour sensibiliser la nouvelle génération aux emplois du secteur existe déjà mais elle est encore souvent très localisée ou dépend d’initiatives dispersées selon les acteurs. La mutualisation ou le report modal n’ont pas encore rencontré les seuils visés par le gouvernement pour mieux répartir le fret parmi les acteurs, notamment le fret ferroviaire et fluvial sur longues distances et la cyclologistique en milieu urbain.

Les habitudes de travail et les relations commerciales existantes ont la vie dure et les infrastructures en place ne sont pas vraiment adaptées pour répondre aux attentes client, dans toutes les régions. De plus, pour tous les aspects environnementaux de la démarche RSE, les acteurs du Transport & Logistique n’ont qu’une marge de manœuvre limitée sur leurs propres impacts : l’investissement dans de nouveaux véhicules et technologies coûte cher alors que le secteur est majoritairement constituté de TPE/PME.

Les injonctions des clients (donneurs d’ordre) ont un impact majeur sur les capacités à optimiser et mutualiser des opérateurs T&L. Il est difficile de refuser un contrat lorsque l’on travaille avec des marges économiques faibles. Il est tout aussi complexe de mutualiser des demandes sur une temporalité qui n’est pas la même pour tous les clients, si ceux-ci insistent toujours davantage sur des délais de réalisation de plus en plus courts voire immédiats.

Les acteurs de toute la chaîne d’approvisionnement, dans un environnement considéré comme ultra-compétitif, vont gagner à mieux se connaître pour se distribuer la charge de travail. Les tendances macro-économiques comme la lecture des acteurs principaux du secteur semblent indiquer que la demande ne cesse d’augmenter alors que l’offre reste équilibrée, et une pénurie de personnels se fait sentir (tant pour la conduite que les opérateurs logistiques) ce qui ne devrait pas faciliter la réponse des professionnels du secteur.

Les changements qui viendront de l’amont de la chaîne logistique ne peuvent donc qu’améliorer l’impact global de la filière. Les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) émis par les banques et financeurs vont inciter les grands groupes et donneurs d’ordre à travailler sur leurs impacts, donc accompagner ou sélectionner des partenaires de transport et logistique qui soient les plus vertueux possible. La règlementation est déjà en train d’évoluer pour inciter les entreprises de taille importante à intégrer ces éléments et travailler avec leurs partenaires sur de nouveaux indicateurs durables, à l’instar de l’accord provisoire entre le Conseil et le Parlement européen, qui visent à mettre en place une directive CSRD.

La difficulté résidera à accompagner la transition vers ces solutions de façon efficace, entre une volumétrie particulièrement importante de l’activité, une maturité des acteurs qui reste à équilibrer (on constate qu’entre l’intention et l’action il reste une marche importante à franchir) et une société qui devra peut-être accepter de revoir à la baisse ce qui est établi actuellement comme un standard de référence : la livraison sous 48h. Doit-on remercier la marque au sourire pour ce dernier indicateur… ?

En attendant, il existe toute une palette d’actions locales et de projets internes que de nombreuses entreprises T&L ont commencé à mettre en œuvre. Le partage d’expérience se met en place et devrait rapidement se diffuser à toute la branche !

 

Définitions

Objectifs de Développement Durable : ce sont des indicateurs fixés par les Nations Unies en 2015 pour répondre aux objectifs généraux suivants : « éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes et dans tous les pays, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous ». Elles sont parfois regroupées en cinq domaines, les « 5P » : Peuple, Prospérité, Planète, Paix, Partenariats.

Directive CSRD : Corporate Sustainable Reporting Directive, ou « outil de reporting extra-financier » en français. C’est une directive qui introduit des exigences détaillées en matière de rapports pour les entreprises, tenues de publier des informations concernant la question de durabilité. Elle impose leur publication dans une section spécifique des rapports de gestion des entreprises, qinsi qu’une meilleure accessibilité des informations.

Note : l’accord est provisoire et devrait être applicable entre 2024 et 2026 selon la taille des entreprises ou leur statut en bourse.

 

Sources

Informations annexes au site